Médecins du Monde a été parmi les initiateurs des premiers programmes de RDR en France.

31/12/1970 : beaucoup de soldats rentrent héroïnomanes de la guerre d’Indochine. C’est aussi la route de Indes et de la came pour les beatniks. Dans l’affolement général, une loi est votée le 31 décembre 1970. Cette loi va modeler tout le traitement de l’usage de drogue jusqu’à nos jours : elle fait de l’usager de drogue un délinquant (et c’est la prison), ou un malade qui doit se soigner (et c’est le sevrage).

1980 : Apparition de la maladie des 4H (Héroïnomanes, homosexuels, hémophiles, haïtiens), qui sera appelé plus tard SIDA. On s’aperçoit vite que c’est une maladie qui se transmet par le sang et que les héroïnomanes se contaminent en échangeant leurs seringues. .

1987 : Jusqu’en 1987, les seringues n’étaient disponibles que sur ordonnance et donc pas accessibles. Michèle Barzach, par décret, autorise la vente de seringues en pharmacie sans ordonnance. Mesure courageuse qui provoque un petit scandale politique. C’est une rupture par rapport à la politique française en matière d’usage de drogues, encadrée par la loi de 1970 : l’usager de drogue était jusqu’alors soit un délinquant, soit un malade devant se soigner, donc arrêter sa consommation. Il ou elle avait uniquement le "choix" entre la prison ou le sevrage. La RDR a donc ouvert une voie pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas arrêter leur consommation, créant de nouveaux liens avec de nombreuses personnes qui avaient déserté les services de soins et de prévention. Ouverture d'un centre de dépistage anonyme et gratuit du VIH par MDM.Premier constat 20% des personnes qui viennent se faire dépister sont des toxicomanes. A cette époque, de nombreux usager-e-s de drogues sont contaminé-e-s par le virus du VIH (responsable du SIDA) car ils ne peuvent se procurer des seringues stériles ; le matériel d’injection est donc trop souvent partagé, d’où des contaminations massives .

1989 : la vente de seringue en pharmacie n’étant pas suffisante pour enrayer l’épidémie VIH chez les injecteurs. Médecins du Monde ouvre alors à Paris, dans l’illégalité, le premier Programme d’Echange de Seringues.

1990 : à Liverpool se tient la première conférence internationale sur réduction des risques liés à la toxicomanie.

1992 : ASUD, le premier groupe d’auto-support d’usagers de drogue en France qui ne revendique pas l’abstinence, se crée dans la colère de voir mourir leurs pairs du VIH. Création du premier kit de prévention pour consommateurs de drogue par voie intraveineuse par MDM

1993 : Devant l’insuffisance du dispositif socio-sanitaire lié à l’usage de drogue, le collectif "Limiter la Casse" se crée. Ce collectif qui est à la fois un groupe de réflexion et de lobbying, définit la réduction des risques pour les usagers de drogue en France, selon 4 axes : accès au matériel de rdr et à l’information, accès aux soins, accès à la substitution, accès à la citoyenneté.

1994 : des programmes d’échange de seringues commencent à se développer dans les grandes villes, dans la semi-illégalité. Simone Weil officialise ces PES dans un décret. Ouverture du premier centre méthadone à Paris par MDM puis dans 3 autres villes.

1995 : des places de méthadones sont créées dans les CSST "Centre de Soin Spécialisés pour Toxicomanes". C’est un premier pas vers l’accessibilité des traitements de substitution aux opiacés, sachant qu’en 1992, il y avait seulement 52 places de méthadone en France. Création des premières associations de réduction des risques en milieu techno (Techno Plus, Le Tipi, Keep Smiling…)

1996 : le Subutex, traitement de substitution aux opiacés, est mis sur le marché. Il peut être délivré par n’importe quel médecin généraliste : l’accessibilité au traitement de substitution est généralisée. C’est aussi l’arrivée des tri-thérapies contre le VIH, qui vont changer la vie des personnes atteintes par ce virus.

1997 : Création des missions raves

1998 : Le collectif « Limiter la Casse » s’est dissout. Pour lutter pour la préservation des acquis de la rdr, l’Association Française de Réduction des risques voit le jour. Création du premier bus méthadone en France à Paris

1999 : La mission XBT coordonne la mission SINTES (Système d'Identification National des Toxiques et Substances) qui s'inscrit dans le plan triennal de la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) et constitue l'un des volets du projet TREND mené par l'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT). La MILDT publie le livret « Drogues savoir plus,risquer moins «

2004 : par décret, la réduction des risques devient une politique nationale de santé publique.

2005 : décret de création des CAARUD (Centre d’Acceuil et d’Accompagnement à la réduction des risques pour les Usagers de Drogue). Les « boutiques » (structure de réduction des risques pour les personnes toxicomanes en précarité) vont devenir des établissements socio-sanitaire financés par la sécurité sociale. Y-a-t-il de la place pour le reste du dispositif (festif…)? Ainsi, l’ANPREF (Association Nationale de Prévention et de Réduction des Risques en Espace Festif) se crée pour défendre les oubliés de la Caarudisation…

2005 : interdiction du test de marquis, MDM se lance dans une technique de reconnaissance des principes actifs et des principaux produits de coupe (CCM)

2009 : MDM ouvre au C.A.A.R.U.D. Entracte de Nice un espace de test de substances par C.C.M.

Médecins du Monde a aussi exporté son savoir faire en développant des programmes de RDR à l'étranger (Russie, Birmanie, Chine, Vietnam, Serbie) entre 2000 et 2009.